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Salle de Soins

Exposition de Alyona Tokovenko




Le « Cabinet de procédure » existe dans un monde qui brouille les frontières entre un laboratoire et un lieu de rituel. C'est un environnement presque stérile où le corps est anatomiquement exposé et métaphy­siquement mis à nu.


Les formes des corps sont déformées et courbées sous une influence invisible, ce qui donne des proportions abstraites et des formes contre nature. Ces cons truc­tions biologiques (homoncules) incarnent l'inconscient collectif. Elles reflètent les peurs et les désirs de la société et les formes de contrôle qu'elle tente d'imposer à l'individualité.


Les objets environnants ressemblant à des instruments médicaux ou techniques, servant d'extensions corporelles, ne sont pas seulement des symboles de douleur et de contrôle. Ce sont des outils d'explo­ration émotionnelle de soi, qui indiquent la conquête des frontières personnelles et sociales. Ces objets lancent une explo­ration passionnante et la création de nouvelles significations par la destruction passive de celles qui existent déjà. Nous nous trouvons dans un monde de transforma­tions où la déformation n'est pas un défaut mais un élément inévitable de la modernité.




Ici, les frontières entre le corps et l’espace environnant se brouillent : le cabi­net procédural devient le corps lui­même, tandis que le corps en mutation et en expan­sion se transforme en espace – un « espace corporel ». Nous sommes à l’intérieur d’un labyrinthe mental, où les limites entre le personnel, le social et le spirituel, le corps et l’espace, l’objet et l’architecture, sont floues. Selon Bataille, le corps est une zone de transgression, où le contrôle se dissout, inférieur à l’irrationnel et au sensuel.


Dans « Cabinet procédural », le corps n’est pas perçu comme une entité complète ou entière, mais comme un terrain d’essai, toujours ouvert à la mutation, à la destruc­tion et à la renaissance. Une « inversion sociale » impacte le corps, le libérant de toute forme de contrôle – médical, politique ou culturel. Nous nous retrouvons seuls avec le sensuel, le troublant et l’absurde.


Le concept deleuzien de « devenir » et de métamorphose et l’idée du « corps sans organes » sont au centre de cet espace visuel et conceptuel. Ici, le corps perd sa forme familière, se transformant en un hybride de flux et de forces. Sa peau,ses organes et ses os se fondent en hybri­des, incarnant le « devenir » et la désor­ganisation. Le corps devient une zone sans hiérarchies ni formes permanentes et continue de se restructurer. N’étant plus auto­dominant, il remplit l’espace environ­nant et s’épanouit dans cet environnement. S’élargissant comme un cocon, le corpus perd ses limites et devient un réceptacle, un méta­espace. Le corps cesse d’être un objet ; il devient un domaine où se pro­duisent les transformations sociales et personnelles – et l’observation attentive de celles­ci.







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